Christ en majesté – ou Majestas Domini – sur plaque murale en bronze émaillé avec la technique médiévale des émaux grand feu. Le Christ est dans un vêtement de majesté, trônant selon une posture royale qui illustre le thème du Christ glorieux. C’est ici une version romane occidentale du Pantocrator byzantin.
Plus précisément, cette représentation du Christ en majesté est nommée Salvator Mundi (« Sauveur du monde ») lorsqu’il tient l’orbe terrestre dans sa main gauche tout en bénissant de sa main droite. La composition souligne la portée eschatologique de la domination terrestre du Christ.
Par son geste de bénédiction, le Christ accueille et montre le chemin de la vie éternelle. Il est représenté en maître du monde, dans l’éternité, sur un trône au centre de la composition.
Le Christ en gloire est un sujet particulier de l’iconographie chrétienne. Il a pour objet la représentation eschatologique du Christ dans son corps de gloire, lors de la seconde parousie à la fin des temps après le jugement dernier (le Christ du jugement). Ce thème du Christ glorieux au-delà du monde terrestre s’oppose aux autres scènes de la vie terrestre de Jésus (Adoration des Mages ou des bergers, Passion, Crucifixion, Pietà, Mise au tombeau…). Le Christ est représenté de face, sa tête entourée d’un nimbe crucifère.
Conforme au concile de Nicée (325), qui déclare que Jésus, le Verbe incarné, est l’image parfaite du Père, le Christ en gloire permet la représentation de la gloire divine, mais cette figure glorieuse est déjà présente dans les catacombes des premiers siècles du christianisme.
L’art byzantin utilisera largement dans les fresques et les icônes le thème du Christ rayonnant et maître du monde, debout ou assis sur un trône ainsi que la figure du Christ Pantocrator en buste.
En Occident, des représentations du Christ en gloire existent dès l’époque carolingienne ainsi qu’en témoignent des motifs d’orfèvrerie et de rares exemples de décoration d’église comme au monastère St-Jean de Müstair, en Suisse (du début du IXème siècle). À partir du XIème siècle, les différentes représentations du Christ en gloire constitueront un sujet dominant de la statuaire romane et gothique aux tympans des églises d’Occident en même temps que le motif sera exploité par l’orfèvrerie (couverture d’évangéliaires, décor de châsses), dans les enluminures, les vitraux et les fresques, en particulier sur les demi-voûtes de l’abside, derrière l’autel. Aux mêmes époques, l’art byzantin déploiera le même thème iconographique sur les coupoles de Sainte-Sophie à Constantinople grâce à sa science de la mosaïque.